Les accidents en ville liés à la faible conspicuité des motocyclistes.Illustration de l'influence de la vitesse dans leur genèse, à partir des études détaillées d'accidents
CLABAUX ; BRENAC ; PERRIN ; VAN ELSLANDE
Type de document
COMMUNICATION AVEC ACTES NATIONAL (ACTN)
Langue
francais
Auteur
CLABAUX ; BRENAC ; PERRIN ; VAN ELSLANDE
Résumé / Abstract
De nombreuses publications scientifiques ont démontré la tendance des motocyclistes à être impliqués dans les accidents de type « regardé mais pas vu » (Hills, 1980) où un automobiliste prend de l'information en direction d'un autre usager mais ne le perçoit pas, bien que celui-ci soit dans son champ de vision. Différents éléments sont avancés dans la littérature scientifique internationale pour tenter d'en apporter une explication. Objectifs : À travers un examen de cette littérature nous rappelons dans un premier temps quels sont ces différents éléments explicatifs et quel est l'état des connaissances actuelles en matière de prévention de ces accidents. Nous nous proposons ensuite d'examiner l'influence d'un autre élément, encore peu investiguée jusque là, à savoir le rôle de la vitesse des motocyclistes dans ces accidents. L'hypothèse de l'existence d'un lien entre la vitesse du motocycliste et sa faible perceptibilité pour un autre usager peut en effet être avancée : pour un intervalle de temps donné les séparant d'une collision potentielle, plus la vitesse du motocycliste est élevée, plus sa distance par rapport à l'autre véhicule est grande, et plus faible est sa taille dans le champ visuel de l'autre conducteur. Méthode : Nous nous appuyons sur les Études Détaillées d'Accidents de l'INRETS. Les investigations ont porté sur les accidents urbains impliquant un motocycliste et un autre usager (piéton ou véhicule). Chaque cas a fait l'objet d'une analyse approfondie selon un modèle d'analyse en phases. Une reconstitution cinématique des accidents a également été menée pour chaque cas en nous appuyant sur les différents indices collectés sur place et sur les entretiens réalisés avec les conducteurs. Ces analyses nous ont ainsi permis de repositionner dans le temps et dans l'espace les différents impliqués, de la situation de conduite aux positions finales, et de déterminer leur vitesse respective dans chacune de ces situations. Résultats : Deux cas d'Études Détaillées d'Accidents dans lesquels la faible perceptibilité du motocycliste a joué un rôle central, sont brièvement présentés dans cette communication. Le repositionnement sur les deux sites d'accident d'un motocycliste en situation d'approche et pour différents niveaux de vitesse initiale, permet dans un premier temps de déterminer et d'illustrer visuellement l'influence de la vitesse sur sa perceptibilité pour l'autre usager. Ces analyses sont ensuite généralisées et consolidées de façon statistique sur la base d'un plus grand échantillon de cas auquel est comparé un échantillon de cas témoins d'accidents urbains de motocyclistes dans lesquels leur faible perceptibilité n'a pas joué un rôle central. Cette dernière investigation a déjà fait l'objet d'une publication dans la revue Advances in Transportation Studies (cf. Brenac et al., 2006). Les résultats suggèrent qu'en milieu urbain, les cas d'accidents liés à la faible perceptibilité des motocyclistes sont bien associés à des vitesses généralement plus élevées (pour le motocycliste) par rapport aux autres cas d'accidents impliquant des motocyclettes. Conclusion : Bien qu'ils restent à consolider par l'analyse d'un échantillon de cas plus important, ces résultats suggèrent et illustrent l'influence non négligeable que peut avoir la vitesse des motocyclistes sur leur perceptibilité et sur leur implication dans les accidents de type « regardé mais pas vu ». Ce travail tend ainsi à montrer que la modération des vitesses, par l'aménagement et la reconception de l'espace public, par exemple, présente un intérêt particulier pour la prévention de tels accidents.
Editeur
INRETS